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vendredi 29 janvier 2010

les Rescapés mauritaniens des geôles du Polisario.


les Rescapés mauritaniens des geôles du Polisario.






Une nouvelle association de victimes du Polisario, l’Association «Mémoire et Justice », nouvelle association, animée par d’anciens détenus et proches des victimes des «crimes de torture » du Front Polisario, a annoncé sa reconnaissance officielle par les autorités mauritaniennes.

Cette annonce a été faite mercredi 25 novembre à Nouakchott au cours d’une conférence de presse. La conférence était placée sous le slogan « Ensemble pour élucider le sort de nos frères victimes de la répression dans les prisons du F. Polisario ». Etaient présents, une vingtaine de personnes dont quatre à cinq journalistes.

Parmi les personnalités représentant la société civile et politique, on pouvait noter le député du RFD, Me Mohamed Mahmoud Ould Ematt, Boubacar Ould Massaoud de l’Ong Sos-Esclave et Me Yarba. Autour de la table, les conférenciers de l’Association étaient :

Abderrahmane Ould Mohamed Moussa, président de l’Association, frère d’un disparu des geôles du Polisario, Mohamed Vall Ould Ghadi, Secrétaire général de l’Association, Sid’Ahmed Ould Achleychil, trésorier de l’Association, Mane Ould Khaless, porte-parole de l’association et Mohamed El Mokhtar Ould Alioune. Le président Abderrahmane Ould Mohamed Moussa a expliqué que la mise en place de l’association est l’initiative des personnes présentes autour de la table.

Il a ajouté que cette reconnaissance est un peu tardive. Ses initiateurs ont tenté depuis 1988 de l’enregistrer officiellement. Il a également évoqué que son but est de faire la lumière sur les disparus et prisonniers du F.Polisario ainsi que sur les traitements inhumains infligés aux rescapés de ces emprisonnements. Il dira que les traces indélébiles sur les corps des personnes présentes étaient le témoignage de la cruauté et de la barbarie dans les prisons du F.Polisario.

Ould Mohamed Moussa qui reconnaitra ne pas être personnellement concerné par l’emprisonnement a cependant rappelé que l’association regroupait les proches des disparus et qu’il avait lui-même perdu un frère dans les geôles du Polisario. « Depuis quelques années, nous avons tenté de prendre attache avec certaines organisations des droits de l’Homme pour les sensibiliser sur ces disparitions mais nous n’avons pas eu le succès escompté » a dit le président de l’Association expliquant que les procédures avaient bloqué les contacts projetés.

Et Ould Mohamed Moussa de poursuivre : «Nous sommes parvenus à mettre sur pied cette association, loin des clivages politiques qui l’entourent, pour que la lumière soit faite sur les cas de Mauritaniens disparus dans les prisons du Polisario». Il a invité ensuite les autres responsables de l’association à faire part de leur expérience en tant que victime de la répression du Front Polisario.

Témoignages.

Mohamed Vall Ould Ghadi.

Celui-ci a indiqué qu’il serait “injuste” de parler des expériences inhumaines et amères vécues par les ex-détenus en cinq minutes. «Il faudrait encore beaucoup plus de temps pour exprimer la souffrance que nous avons endurée des années durant, jetés dans des trous qui tenaient lieu de prisons. Sept et parfois huit ans d’affilée». Il expliquera que pour la plupart, ils avaient regagné le F.Polisario à un âge jeune. «Nous avons rejoints le Polisario en plusieurs vagues à la fin des années 70 et début des années 80 ». «Nous étions jeunes et nourris à la philosophie des ordres établis ».

«La fougue de la jeunesse explique, à elle seule, l’engouement pour la rébellion » a-t-il poursuivi rappelant que leur moyenne d’âge était de 20 ans seulement. Cet engagement était «sincère et spontané pour les jeunes que nous étions ». D’ailleurs prétend-il «C’est cette jeunesse mauritanienne qui a fortement contribué à la mise en place de l’organisation socio-éducative dans les camps du Polisario ».

Mais que la contrepartie a été douloureuse. «Pour détourner l’attention d’une situation explosive dans les camps, l’organisation du Polisario a cherché et trouvé un bouc-émissaires en présentant les mauritaniens qui ont regagné ses rangs comme des membres des renseignements mauritaniens entraînés par les services secrets français ». «Dans cette mise en scène grotesque, les mauritaniens étaient le maillon faible de la lutte d’influence pour le Pouvoir entre les dirigeants du Polisario ».

«Nous étions ensevelis dans des tombes qui servaient de lieu d’emprisonnement. Un trou creusé à même le sol et couvert d’un morceau de zinc». «J’ai y passé huit ans personnellement avec pour toute compagnie des tortionnaires qui me torturaient pour avouer une incrimination créée de toutes pièces ». «Voyez Ould Achleychil, pendant sept ans, il était ligoté. Les tortionnaires lui avaient noué les mains derrière le dos. Et certains dirigeants prenaient plaisir à le voir souffrir. J’en témoigne aussi ».

«Les conditions carcérales étaient dégradantes, inhumaines et pardessus tout la violence était gratuite » assure le secrétaire général de l’association qui a précisé « ce que nous voulons aujourd’hui est une reconnaissance, nous appelons nos compatriotes à porter ce message ». «Malgré toute la description que je pourrais donner, elle ne reflètera jamais la réalité vécue dans ces prisons »a-t-il conclu.

Sid’Ahmed Ould Achleychil.

Celui-ci a rappelé qu’il fut cadre au ministère de l’intérieur et à l’éducation au Front Polisario. «Un décor de film Frankenstein n’exprimerait pas l’horreur dans les prisons du Polisario ». Il a souligné que c’est en raison de cette réalité qu’ils ont murement réfléchi avant de fonder leur association pour dénoncer la pratique de la torture systématique dans les prisons du Polisario. «Les prisonniers étaient présentés pour des condamnés à mort. Ressusciter dans les conditions de notre séquestration était inattendu. Certains ont même vu leurs épouses se remarier sûres qu’elles étaient qu’on était morts dans ces prisons » indique Ould Achleychil.

Témoignage Mane Ould Khaless.

«Je suis né en 1963. J’ai rejoint dans les mêmes conditions le Polisario en mars 1979. En novembre 1982, on m’a arrêté. J’occupai la cellule N°85. J’ai été libéré en septembre 1988. Le Polisario m’accusait d’être formé par la France pour le compte de la Mauritanie. On m’accusait également d’avoir été formé à Atar. Imaginez quelqu’un né en 1963 et qui suit toute formation pour rejoindre le Polisario en 1979 ? ». «En fait, il était clair pour nous qu’il s’agissait d’une purge savamment orchestré par l’appareil répressif du Polisario ».

«Nous avions rejoint cette organisation et l’avions servi de toutes notre conviction.Pour nous remercier de nos loyaux services alors que nous n’avions franchement rien à voir avec eux, n’eut été la philosophie ambiante à l’époque, nous avons tous été jetés en prison et avons subi les affres d’une torture physique et morale sans commune mesure avec les pouvoirs les plus dictatoriaux ». «Pour ma part, j’ai passé sept ans consécutifs dans les mêmes conditions d’emprisonnement alors que j’ai été reconnu plusieurs fois par le Polisario lui-même pour les services rendus à l’éducation ».

«Si j’ai survécu c’est parce que chaque soir, je nourrissais l’espoir de retrouver les miens. Pendant sept ans j’ai fait face à deux défis énormes l’endroit était exigu au point que je ne pouvais faire mes prières et le jour où j’étais sûr que l’on ne me relâchera pas ». «Chaque fois que j’entendais un bruit de botte, le soir, je me disais que c’était la délivrance. Pour seule compagnie pendant ces sept ans, je n’avais que celle de mes tortionnaires. Si psychologiquement, j’en suis sorti indemne, physiquement j’ai été éprouvé ».

Mohamed El Mokhtar Ould Alioune.

“Malgré la fidélité des témoignages qui m’ont précédé, aucun d’entre eux n’est assez explicite pour faire part de la souffrance que nous avons subie. J’ai été jeté en prison pendant huit ans. On me torturait à volonté ». «Aujourd’hui, nous réclamons que la justice soit rendue dans cette affaire ».

Khalilou Diagana

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