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jeudi 2 juillet 2009

Karin Scheele surprend les spécialistes en matière des droits de l'Homme.

Karin Scheele surprend les spécialistes en matière des droits de l'Homme.

Citée par l'agence de presse autrichienne et relayée par le quotidien algérien Al Moujahid (livraison du 23 juin), la ministre autrichienne des Affaires sociales, en l'occurrence Karin Scheele, aurait insisté à Vienne et ce, à l'occasion de la Journée internationale des réfugiés, sur le retour immédiat des personnees forcés à l'exil dans leur pays d'origine.

Elle aurait même insisté sur le retour de « plus de 180 000 sahraouis dans des camps et dans des conditions de vie précaires, dans l'attente de décolonisation de leurs propres territoires…. ». Elle aurait conclu en déclarant que « l'Autriche, qui siège au Conseil de sécurité pour la période 2009-2010, est appelée à jouer un rôle prépondérant et efficace dans la solution du conflit sahraoui ».

Une déclaration qui démontre que la native de Baden n'est pas très au fait des évènements internationaux alors que tout laisse croire que sa position, en la question, ne reflète pas l'opinion du gouvernement de Werner Fayman. Et qu'elle fasse montre de complaisance envers des sahraouis séquestrés dans les camps de Lahmada (situés sur le territoire algérien) surprend plus d'un spécialiste en matière des droits de l'Homme.

Elle aurait dû aborder la question sur le plan général et non impliquer Vienne sachant que le dernier rapport d'Amnesty International rendu public le 9 avril dernier décrit plusieurs cas où la police autrichienne s'est rendue coupable de violence et de mauvais traitements à caractère raciste, et fait état plus largement de l'incapacité de la justice pénale à traiter les migrants et les membres des minorités ethniques comme le reste de la population. Quant au chiffre avancé de 180 000 sahraouis, il est inexact voire inconnu puisque même les institutions internationales n'ont pas pu accéder aux camps de Tindouf pour recensement de la population séquestrée et décompter les marocains sahraouis retenus en otages.

A moins que le général Médiène en décide autrement. C'est un vœu.
Aussi, il serait grand temps et juste que les populations séquestrées dans le no man's land algérien bénéficient d'une protection internationale face à la répression féroce dont elles sont victimes. Parallèlement à cela, il serait judicieux de projeter en « avant-première » de la tenue de la 4ème Commission des Nations unies, le documentaire réalisé par les journalistes australiens « tourné » dans l'Alcatraz, version algérienne. A sa vision, seront amoindries les divisions existant au sein de la Commission et par conséquent entre les Etats membres de l'Onu et de la communauté internationale à ce sujet.

Tout ce monde est d'ailleurs interpellé sérieusement sur la situation qui prévaut actuellement dans la région du Maghreb. Il faut bien admettre que l'histoire a la mémoire courte alors que le ton général est à la conciliation et à l'entente. L'on relève également que les interventions et les témoignages dépassent les considérations d'ordre général pour rappeler que durant les débats, on se focalise sur l'accessoire en évitant le problème essentiel : la situation réelle des séquestrés de Tindouf est plus que lamentable.

Et à date d'aujourd'hui, le Comité spécial des 24 de l'ONU n'a prêté qu'une attention polie à cette réalité prévalant au Maghreb. A ce propos, rappelons qu'au lendemain de la diffusion sur Internet du discours de l'un des principaux dirigeants d'Al Qaida, Abou Yahia Al Libi, un américain a été tué à Nouakchott. La branche maghrébine d'Al Qaida a, d'ailleurs, revendiqué l'assassinat de Christopher Logest récemment dans un communiqué cité par le Centre américain de surveillance des sites islamistes SITE. Cette branche menace même de lancer d'autres attaques contre l'administration de Barack Obama.

Et lorsque Christopher Ross, ex-diplomate américain en poste à Alger et spécialiste des dossiers relatifs au terrorisme et actuellement envoyé spécial de Ban ki Moon sur la question du Sahara marocain, déclare à la presse algéroise suite à sa rencontre, mercredi dernier, avec le locataire d'Al Mouradia, que « la recherche d'une solution est sur le bon chemin», il sait de quoi il parle.
Cela rend plus compréhensible le discours de 35 minutes d'Abou Yahia Al Libi, intitulé « l'Algérie, entre le sacrifice des parents et la fidélité des enfants ». En effet, l'intervention est exclusivement consacrée à l'Algérie qui n'arrive pas à se réconcilier avec elle-même. Rien de plus normal à cela étant donné que toutes les énergies algériennes sont déployées pour créer une impasse dans le conflit artificiel.

Quant à l'intervention d'Abou Yahia Al Libi, elle n'est donc pas à prendre à la légère et ce, au vu de la régularité des attaques de l'AQMI à travers le territoire algérien ou ailleurs. Celui-ci abrite des algéropolisariens dont des dirigeants ont prêté allégeance à Al Qaida. La présence d'AFRICOM dans cette partie du territoire aurait souscrit à pousser les terroristes à trouver refuge ailleurs que dans le no man's land algérien. De ce point de vue, fidèle à ses principes d'ingérence dans les affaires de pays tiers (le Maroc n'est pas le seul pays limitrophe à être concerné), l'Algérie aura tout intérêt à se réconcilier avec les Algériens en premier lieu et cesser de créer des situations kafkaïennes pour ses voisins.

Dès lors, la position d'Alger demeure le grand paradoxe. Sa position en porte-à-faux est le problème capital ; celui qui est au fond de toutes les pensées et de toutes les arrières pensées, celui de l'Algérie qui évolue en tant que partie prenante. Pour certains, il est préférable de trahir la Charte onusienne, les traités d'amitié et de bon voisinage que de goûter à la paix du crépuscule. C'est la fin des illusions. Et comme le répétait si bien Christian Schunack, un des géostratèges du 21e siècle et pour qui la marocanité du Sahara est irréversible, l'Algérie ne peut que mettre à profit l'occasion qui lui est offerte de réparer l'erreur commise par le passé.
« Mais tout finira par trouver une solution », comme l'avait dit le président Roosvelt le jour de sa mort dans un télégramme adressé à Churchill l'appelant à la modération dans ses rapports avec une autre puissance.

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