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mercredi 29 juillet 2009

L’ambassadeur du Maroc en Australie répond au Président du Timor Lest à propos du film ‘STOLEN’.


L’ambassadeur du Maroc en Australie répond au Président du Timor Lest à propos du film ‘STOLEN’



Le texte intégral de la lettre envoyée par SE l’ambassadeur Mohamed Mael-ainin au Président du Timor Lest.

Embassy of the

Kingdom of Morocco

Canberra



PARFOIS, MEME UN EMINENT CHEF DE’ETAT PEUT ETRE DUPE

Par : Mohamed MAEL-AININ

AMBASSADEUR DU ROYAUME DU MAROC EN AUSTRALIE

MONSIEUR L’ EDITEUR DE “SYDNEY MORNING HERALD”

Monsieur l’éditeur,

J’ai lu avec attention l’article que vous avez publié le 22 juillet courant dans la rubrique « opinion », sous la plume de SE le Président JOSE RAMOS-HORTA Président du Timor Lest sous le titre : « Timor's link to a Saharan struggle », et avec tout le respect pour l’éminente personnalité de Son Excellence le Président RAMOS-HORTA plusieurs point fondamentaux dans son opinion sont beaucoup plus un parti pris que Son Excellence a développé durant sa lutte pour l’indépendance du Timor Leste, au côté des éléments qui prônent l’indépendance du Sahara occidental depuis 1975 en Algérie, qu’une réalité historique comme Il tend à le démontrer tout au long de son « article-opinion ».

Son Excellence a saisi l’occasion de la projection du film « Stolen » à Melbourne pour exprimer son point de vue sur le fond du litige autour du Sahara occidental. Je pense comme lui que ce film effectivement doit être vu au-delà du thème de l’esclavagisme qu’il soulève. Je souligne en passant que l’esclavagisme est une pratique bannie par la communauté internationale, interdite et honteuse qui mérite réprimande. Elle ne peut être tolérée nulle part et à quiconque, même sous la couverture d’un mouvement de libération et encore moins d’un mouvement séparatiste !

La découverte par les réalisateurs du film « Stolen » de la pratique de l’esclavagisme aux camps du « polisario » à Tindouf en territoire relevant de l’autorité algérienne a été selon les réalisateurs tout à fait fortuits. Elle n’était pas leur mobile. Mais, ils n’ont pu l’occulter et se taire. Le faire par complaisance à un mouvement qui prône la libération aurait été pour eux un complot du silence dont ils se seraient blâmés tout le restant de leur vie.

Leur haute conscience les a guidés. Cela leur coute des griefs de ceux qui supportent ledit mouvement. Qu’à cela ne tienne! Mieux vaut être critiqué pour avoir scandé une vérité découverte par hasard lors d’un travail

de recherche, que de tremper dans un complot du silence par peur ou par complaisance.

Plusieurs vérités scientifiques ont été découvertes par hasard par des chercheurs devenus plus tard de renommée internationale. L’histoire regorge de grands penseurs qui ont été pendus pour avoir scandé haut le résultat de leurs découvertes.

Aujourd’hui des feux croisés cherchent à étouffer les réalisateurs de « Stolen ». Certains ne lésinent pas sur les moyens quitte à amener Fetim et son époux d’Algérie pour démentir leurs propres déclarations et celles des leurs, mais sans dire bien sûr que leurs enfants et parents sont gardés en otages sous vigilance extrême dans les camps ou le forfait du polisario a été découvert.

Quand Son Excellence le Président RAMOS-HORTA dit au début de son article : « dans le cadre de l’amitié profonde qui lie le peuple de Timor et celui du Sahara occidental, j’ai visité les camps du polisario à Tindouf et dans les territoires libérés et je n’ai rencontré aucun signe d’esclavagisme», je ne peux m’empêcher de vous partager mon étonnement !! Cette affirmation est dite avec une finesse et simplicité qui font passer sans que l’on s’en rende compte le fait que son Excellence était venu à Tindouf en tant que Chef d’Etat ami, escorté aussi bien par la sécurité du pays hôte l’Algérie, que par les milices staliniennes du polisario. Imaginez avec moi alors quel serait le sort de quiconque osera se présenter devant lui et lui dire : « Excellence, je suis traité en esclave par vos amis que vous êtes venu supporter, aidez-moi à retrouver ma liberté ! »

Au paragraphe suivant Son Excellence traite les australiens d’ignorants de la question du Sahara par rapport au peuple du Timor, qui, lui, en connaît tous les tenants et aboutissants ! Pour lui c’est l’Australie qui va recevoir des leçons d’histoire de cette partie du monde, de la part du Timor Leste…et là, il commence la leçon :

« Timor et le Sahara occidental ont tous les deux été colonisés par des puissances ibériques (Portugal et Espagne… » Mais ce qu’il ne dit pas, c’est que l’Espagne administrait sous le même système de colonisation trois autres régions du Maroc qu’ elle lui a rétrocédées, chacune à une date différente après négociations. Il s’agit de :

- toute la partie nord du Maroc de Tétouan à Nador, en 1956

- la zone de Tarfaya qui faisait partie du Sahara occidental en 1958

- la zone de Sidi Ifni en 1969

- Les deux présides marocains de Ceuta et Melilla continuent à souffrir la colonisation espagnole

Ce que Son Excellence a occulté également c’est que le Maroc, qui a négocié et réussi la récupération des territoires précités de la part de l’Espagne partie par partie, était indépendant avant la poussée coloniale du 18ème et du 19ème siècle. Certes, le Maroc a connu un protectorat franco-espagnol de 1912 jusqu’au 2 Mars 1956. Mais tout juste après la fin de ce

protectorat le Maroc a inscrit à l’ONU ses réclamations sur l’ensemble de ses territoires historiques qui ne lui avaient pas été rétrocédés en Mars 1956 dont le territoire du Sahara occidental.

Le Président RAMOS-HORTA dans sa leçon d’histoire n’a pas dit que depuis 1956 jusqu’à 1974, le Maroc se confrontait seul à l’Espagne à l’ONU à propos du Sahara occidental, et que ce litige a été porté devant

la Cour Internationale
de Justice (CIJ) par les deux seuls « Etats concernés » : le Maroc qui réclamait le territoire et l’Espagne qui le colonisait.

L’Algérie et

la Mauritanie
qui voulaient interférer dans le litige devant

la CIJ
n’ont été acceptées que comme « parties intéressées », du fait de l’existence de frontières communes entre elles et le Sahara occidental (voir l’avis consultatif de

la Cour Internationale
de Justice émis le 16 octobre 1975.

A cette date-là, le polisario venait à peine de voir le jour sur le territoire algérien, et n’avait encore aucune présence sur la scène internationale.

Le président HORTA n’a non plus pas dit que la question qui était posée par l’Assemblée Générale de l’ONU à

la CIJ
était :

« « Avant sa colonisation par l’Espagne, le territoire du Sahara occidental, était-il un territoire sans maître ? Et dans le cas où il ne l’était pas, quels rapports avait-il avec le Royaume du Maroc ? » »

Son Excellence bien sûr n’a, non plus, pas dit que la réponse de

la CIJ
était:

« « Avant sa colonisation par l’Espagne, le Sahara occidental n’était pas un territoire sans maitre (terra nullius) ! » »

« « Avant sa colonisation par l’Espagne, le Sahara occidental avait des rapports d’allégeance avec le Royaume du Maroc » »

Je rappelle ici que toute l’histoire de la souveraineté du Maroc sur l’ensemble de ses territoires depuis plus de 12 siècles de son existence en tant qu’Etat indépendant (le Maroc est un Etat depuis 788, c’est le premier pays à avoir reconnu l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique comme l’a affirmé dans son discours au Caire le Président OBAMA le 04 juin 2009) repose sur le principe sacro-saint de « l’allégeance », qui est d’ailleurs la substance même des plaidoyers des avocats du Maroc devant

la CIJ.

Ainsi donc, toute comparaison de l’historique du Timor et du Sahara occidental est nulle et non avenue.

Les tentatives du Président RAMOS-HORTA de faire cette comparaison ont pour but principal de flirter avec le sentiment d’appui accordé par l’Australie et les australiens à la lutte du peuple du Timor pour créer l’amalgame dans leurs esprits. C’est d’ailleurs pour profiter de l’aura du Prix Nobel RAMOS-HORTA que les détracteurs du film « Stolen » qui ont l’appui du président, lui ont fait appel en catastrophe. Il a laissé ses responsabilités de chef d’Etat pour venir participer au festival du film de Melbourne afin de donner plus de crédibilité aux allégations de ceux qu’il supporte. C’est un soutien militant .C’est de bonne guerre !

Pour tout ce qui précède, et pour plusieurs autres raisons historiques que l’espace réservé à cette réponse ne peut contenir, je ne peux que dire que, malgré la profonde opposition d’idées entre M. le Président RAMOS-HORTA et moi-même sur la question du Sahara occidental, je suis par contre tout à fait d’avis avec lui lorsqu’il invite, vers la fin de son article, tous les australiens à : « prendre leur temps pour bien comprendre tous les enjeux entourant la question du Sahara occidental, les implorant tous à chercher la vérité avec vigilance et engagement, de peur que les mensonges deviennent manifestes et que les intérêts étroits de certaines puissances aient libre court sur les idées et sur les pouvoirs » J’entends par là les allégations mensongères de l’Algérie et ses acolytes.

En revanche, son appel au reste du Monde pour appuyer la séparation du Sahara occidental du Maroc et les qualificatifs dont il l’abreuve, sont en contradiction avec la réalité historique, la géographie, le bien-être des populations du Sahara qui y vivent paisiblement dans le cadre des institutions démocratiquement élues qui les représentent au parlement et au gouvernement marocain.

Quant aux sahraouis qui souffrent dans les camps des réfugiés à Tindouf en Algérie, et dont il se porte défenseur, je sens profondément leur souffrance. Cette souffrance est le fait de ceux qui les parquent dans ces camps contre leur gré, gardés de tous côtés en plein désert, pour les présenter tel dans une pièce théâtrale dramatique devant des visiteurs bernés par une propagande mensongère, usant le faux, savamment orchestrée par le polisario et ses monteurs, visiteurs dont parfois un éminent chef d’Etat en l’occurrence SE le Président RAMOS-HORTA. Je regrette du fonds de mon humble cœur qu’il se soit laissé embarquer dans un tel soutien inconditionnel auquel l’histoire donnera tort.

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