Pages

mardi 22 décembre 2009

affaire Haidar Entre éthique humanitaire et devoir de légalité


affaire Haidar Entre éthique humanitaire et devoir de légalité

Ce n'est qu'après avoir accompli les formalités d'usage de police et de douane en vigueur à l'aéroport Hassan 1er de Laâyoune qu'Aminatou Haidar a pu accéder jeudi soir au territoire national. Qu'elle ait entamé le 13 novembre une grève de la faim à Lanzarote, qu'elle ait, avec la complicité des adversaires de notre intégrité territoriale, persisté à défier la loi n'a pas pour autant empêché notre pays d'exiger son respect. Certains pays amis ont intercédé auprès du Maroc pour demander son retour, cela n'empêchait nullement qu'elle respectât ensuite l'application de la loi et l'esprit des institutions nationales, dont notamment le titre de voyage qu'elle a cru jeter et piétiner au mépris de toute morale.

La communauté internationale est certes soulagée de l'issue survenue dans cette affaire dans laquelle, on en est convaincu à tous les niveaux de la planète, la main du gouvernement algérien est plus que présente, coupable même. Mais elle est interpellée désormais sur les méfaits hargneux de notre voisin, elle s'interroge également sur ses méthodes et s'inquiète même de ses visées agressives et douteuses.

L'épisode d'Aminatou Haidar, monté de toutes pièces dans les officines d'Alger, s'apparente à un forfait, mieux, à un complot. Il porte la marque du cynisme et de la haine du Maroc et de son peuple. Néanmoins, plutôt que de mettre à mal notre pays, il se retourne comme un effet boomerang contre ses instigateurs. Il convient de souligner que si le Maroc a accédé aux appels des pays amis pour l'autoriser à revenir à Laâyoune, c'est parce qu'il s'inscrit depuis la nuit des temps dans une tradition humanitaire. Son Roi, son gouvernement et son peuple sont animés par des valeurs humanistes et de respect absolu des droits de l'Homme et de la liberté. Or, Aminatou Haidar, citoyenne marocaine, non seulement n'a cessé de bénéficier de ses droits au même titre que tous les autres compatriotes, mais elle en quasiment a abusé au point qu'elle s'est laissé fourvoyer et instrumentaliser par les adversaires de notre cause nationale. Elle a revendiqué ses droits, mais elle a oublié vite qu'elle a des devoirs auprès de la communauté et de la société, comme aussi une obligation de respect irréfragable des lois et des règles en vigueur.

On imagine mal en effet un Basque ou un Catalan débarquer et piétiner par terre son passeport national à Barcelone et refuser d'accomplir les formalités d'usage sur le territoire espagnol. On a du mal à accepter qu'il puisse se rendre dans un pays voisin et entamer une grève de la faim, au prétexte fallacieux qu'il est un « militant » des droits de l'Homme… et que d'autres pays ou un seul pays, habitués aux coups bas, l'y incitent et le poussent au suicide pur et simple. Ce n'est pas seulement une gageure, mais une provocation qui porte les germes d'une brouille entre deux pays voisins, de surcroît amis, savamment orchestrée et instillée par un tiers.

L'épisode qui s'achève comporte un certain nombre de leçons : la première tient au dialogue stratégique que le Royaume du Maroc a noué avec les puissances, que ce soit la France, les Etats-Unis d'Amérique ou l'Espagne. La Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, Mme Hillary Clinton n'avait pas de mots assez forts pour « saluer la décision du Maroc (…) ainsi que le geste humanitaire qui reflète l'esprit de générosité authentique du gouvernement et du peuple du Maroc ». Et la Secrétaire d'Etat de souligner, dans la foulée, « l'urgence d'un règlement définitif au conflit du Sahara », d'affirmer ensuite qu'elle « se joint au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, pour appeler à la tenue d'un 5e round de négociations formelles à Manhasset, le plus tôt possible sous l'égide de l'ONU ».

Mme Clinton n'a pas, à coup sûr, fortuitement fait le lien entre l'affaire Aminatou Haidar et le règlement du conflit du Sahara. Quand bien même elle n'aurait pas ouvertement cédé à une telle tentation, nous sommes en droit de le penser. Car l'affaire Haidar, entre autres machiavélismes fomentés par le gouvernement algérien, téléguidée à partir du palais de la Mouradia, n'avait pas d'autre objectif que de torpiller le processus de règlement du conflit du Sahara, mené depuis deux ans sous l'égide de l'ONU en application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et, davantage encore, à la lumière du projet d'autonomie que le Maroc a soumis à ce dernier en avril 2007 et qui a emporté l'adhésion de la communauté internationale.

Sans doute devrait-on encore prendre la réelle et lucide mesure du communiqué que le président Nicolas Sarkozy a rendu public jeudi soir à l'Elysée. « La législation marocaine, souligne-t-il, s'applique dans les provinces du sud et notamment dans le cas d'Aminatou Haidar ». La teneur est on ne peut plus claire, d'autant plus que, promoteur de la déclaration des droits universels, la France n'a aucun complexe à dire la vérité et s'inscrire dans une tradition de légalité. M. Sarkozy ne s'en est pas arrêté à cette séquence, celle de Haidar, il a tenu, par ailleurs, à « saluer l'initiative du Royaume du Maroc d'une large autonomie dans le cadre d'une solution politique sous les auspices des Nations unies au Sahara ». Animé d'une éthique de légalité, de justice et de bonne foi, le président français exprime aussi ce que tous les autres gouvernements européens pensent et partagent avec lui. On comprend dès lors que le polisario, et ses commanditaires, cédant à l'acrimonie habituelle, critiquent l'impartialité de la France qui soutient fermement une solution politique au Sahara.

L'Espagne, qui a été placée sans doute malgré elle dans l'œil du cyclone, a salué à son tour la décision humanitaire du Maroc tout en soulignant que la loi marocaine en vigueur s'applique à toutes et à tous, dans le strict respect de l'intégrité du territoire. Le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, son ministre des Affaires étrangères, Moratinos, se sont fait forts, en effet, d'en appeler de nouveau à la mise en œuvre d'une solution politique au Sahara.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire