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mardi 22 décembre 2009

Quand les archives de Henry Kissinger nous révèlent la perfidie algérienne


Quand les archives de Henry Kissinger nous révèlent la perfidie algérienne
rente-cinq ans après le déclenchement et le succès de la Marche verte, organisée par feu S.M. Hassan II, les archives tenues jusque-là sous le sceau de la confidentialité commencent à s'ouvrir.

Il en est notamment des discussions secrètes que l'ancien secrétaire d'Etat américain, Henry Kissinger, avait tenues à cette époque avec les responsables du Maroc et de l'Algérie au milieu de la crise du Sahara. Le chef de la diplomatie américaine, qui avait servi successivement Richard Nixon et Gerald Ford, analyste patenté de la guerre froide et des situations de crise, s'était fait de toute évidence une religion : le Maghreb ne devait jamais basculer dans le giron du communisme et de la Russie alors dirigée par Brejnev.

Ce qui opposait donc le Maroc et l'Algérie, sur fond d'un changement politique visible en Espagne franquiste, ne relevait-il pas justement de cette obsessionnelle rivalité Est-Ouest par alliés interposés ? Les documents déclassés et décrivant les démarches de Henry Kissinger sont d'un poids considérable, parce qu'ils témoignent à chaud de la tension qui persistait en cette période cruciale entre le Maroc et l'Algérie, de l'attitude fourbe du Caudillo espagnol, plongé alors dans l'agonie et, déjà, du redoutable machiavélisme d'un ministre algérien des Affaires étrangères, appelé Abdelaziz Bouteflika, qui n'en démordait pas de mettre le Maroc à genoux. Ni plus ni moins, il accusait ouvertement les Etats-Unis de soutenir le Maroc dans son combat de libération des provinces du Sud. Mélange de cynisme, de profond dépit et de jovialité enjouée, il exigeait de Henry Kissinger rien que l'application d'un embargo pur et dur contre notre pays, son isolement et sa condamnation…

Abdelaziz Bouteflika a grandi à Oujda, tout comme Houari Boumedienne, il faisait partie des ressortissants algériens adoptés par la population de cette ville, ce qu'on a appelé plus tard « le groupe d'Oujda ». Sa relation singulière avec le Maroc est quasi incestueuse tant il admirait feu S.M. Hassan II et se délectait à trouver avec lui une filiation. On peut avancer- après feu Mohamed Boudiaf, assassiné- que s'il est encore un Algérien du Maroc, marocain en termes de pensée et de reflexes, c'est bel et bien Abdelaziz Bouteflika. Le paradoxe veut pourtant que ce fût lui qui manipulerait à sa guise l'histoire de cette affaire du Sahara pour laquelle il s'est transformé en héraut. En juillet 1975, il s'était rendu à Rabat pour réaffirmer le soutien de son pays au Maroc face à l'Espagne de Franco.

Il réitérait en quelque sorte la déclaration solennelle du président Boumedienne, faite au Sommet arabe de Rabat un an auparavant, en octobre 1974, consignée dans les archives officielles, selon laquelle l'Algérie apportait son appui total au Maroc pour récupérer ses territoires du Sud occupés par l'Espagne. Nous sommes le 17 décembre 1975 et une rencontre entre Bouteflika et Henry Kissinger se déroule à Paris sur fond d'une crise majeure qui déteint sur la région du Maghreb. Le diplomate américain, tout à sa finesse, déclare : « Je ne comprends pas ce que l'autodétermination veut dire pour le Sahara. Je peux comprendre ce qu'elle signifie pour les Palestiniens (…). Nous n'avons pas une position anti-algérienne (…). Empêcher la Marche verte aurait signifié détériorer nos relations avec le Maroc, dans les faits un embargo ». Et Abdelaziz Bouteflika, qui n'avait pas peur des mots, de rétorquer : « Vous auriez pu le faire, vous auriez pu arrêter l'aide économique et militaire… ».

Dialogue d'autant plus édifiant entre deux logiques différentes, voire opposées ! Trente-cinq ans après, on mesure à quel point la haine du Maroc nourrit la réflexion de l'establishment algérien. On réalise avec des sueurs froides comment s'est élaborée et mise en place une froide stratégie qui, l'épisode de Kissinger oblige, nous éclaire sur les tenants et aboutissants de la volonté algérienne. A l'obstination belliqueuse d'une Algérie rampant à l'époque sur son pactole pétrolier, distribuant les mannes ici et là, arcboutée sur le vieux principe dépassé d'autodétermination des peuples, qu'elle refuse d'appliquer d'ailleurs au Sahara algérien, initialement promis à l'autonomie par la France avant 1962, le président Léopold Sédar Senghor apportait la clairvoyance idoine.

Les archives déclassées nous éclairent sur la rencontre de l'ancien président sénégalais et Henry Kissinger le 1er mai 1976 à Dakar. Ce dernier posait de manière spontanée la question : « L'Algérie accepterait-elle une résolution organisée par le Maroc et la Mauritanie ? ». Le président Senghor répondait que oui si cela se déroulait sous la supervision des Nations unies. « Quelle serait l'issue ? », reprenait Kissinger. « L'autonomie au sein du Maroc… », rétorquait Senghor. Nous en sommes à présent à ce constat prémonitoire dressé il y a trente-cinq ans par l'un des Sages de l'Afrique qui, il convient de le souligner, se refusait à évoquer le mot d'indépendance mais simplement d'autonomie…

Les dirigeants algériens continuent à s'échiner et s'épuiser dans de fallacieuses cabales pour empêcher, voire torpiller la mise en œuvre d'une solution politique au Sahara. Le forfait subi après le retour au Maroc de Aminatou Haidar ne les incitera pas davantage à plus de sagesse, on en est sûr. Les archives déclassées de l'ancien secrétaire d'Etat nous révèlent rétrospectivement la ligne de départ et de conduite d'une attitude et d'une politique déterminée. Elles nous éclairent également avec pertinence sur le fond d'un contentieux qui remonte à cinquante ans maintenant, celui des frontières. En accédant à l'indépendance en juillet 1962, l'Algérie avait pris possession de vastes territoires appartenant au Maroc tout au long de la frontière commune dans le Sud-Est. Les archives françaises, classées au Château de Vincennes ou à la Bibliothèque nationale, peuvent être consultées un jour et apporter la preuve de leur marocanité.

Comme aussi du projet du gouvernement français, notamment du général de Gaulle, de faire du Sahara algérien un territoire indépendant, à tout le moins autonome. Si l'Algérie a récupéré son Sahara, annexé des terres marocaines, au mépris de la légalité et du voisinage, comment peut-elle prétendre s'opposer à ce que le Maroc récupère son Sahara et ses provinces ? La réponse n'est-elle pas justement dans le contenu des conversations révélées de Henry Kissinger qui, au passage, rendait hommage à la sagesse politique de feu S.M. Hassan II.

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