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jeudi 22 octobre 2009

Sahara: «La vérité vaincra»


Sahara: «La vérité vaincra»


L'actualité maghrébine de ces derniers jours, sous quelque angle qu'on l'appréhende, reste dominée par l'affaire du Sahara marocain. Elle est perçue, analysée et commentée à travers des événements qui s'enchevêtrent et se croisent. D'une arrestation de 7 sympathisants actifs du polisario à l'aéroport de Casablanca, à la poursuite jusqu'à Agadir d'un ressortissant algérien de nationalité algérienne, «porteur de valises» à des éléments déstabilisateurs, infiltré impunément dans le territoire, ou encore à un débat fastidieux sur les droits de l'Homme à la 4ème Commission des Nations unies à New York, l'affaire semble, en effet, subir les fourches caudines de nos adversaires qui ont choisi de faire feu de tout bois. Ils n'en démordent pas de saboter les efforts de l'ONU et, ce faisant, de combattre les efforts de la communauté mondiale en faveur de l'Initiative d'autonomie.

Non qu'il faille perdre l'espoir ou se résoudre à cette fatalité qu'à chaque fois que l'on approche le point d'arrivée vers la paix, à chaque avancée arrachée, le gouvernement algérien et ses propagandistes y mettent du leur pour torpiller toute initiative raisonnable. Combien de fois depuis 1975, sur ces colonnes mêmes n'avons-nous pas affirmé que l'affaire du Sahara relève d'une volonté et de la seule volonté algérienne et que le beau principe d'autodéterminationw du peuple sahraoui, agité depuis lors tantôt comme un slogan, tantôt comme un épouvantail, n'était que le paravent d'un hégémonisme étatique régional. Alors que nous nous acheminons vers une déplorable trente-cinquième année de conflit latent entre le Maroc et l'Algérie, tout un chacun se pose la question légitime de savoir ce que serait le Maghreb si, en 1975, feu Houari Boumedienne et Abdelaziz Bouteflika, son truculent ministre des Affaires étrangères de l'époque, avaient orienté leur politique vers un soutien à la cause marocaine, qu'ils n'avaient pas hésité d'ailleurs à proclamer lors du Sommet arabe de juin 1974 à Rabat!

Au risque de verser dans la spéculation, l'avenir des peuples marocain et algérien eût été à coup sûr différent et la région ne serait pas, tant s'en faut, prise en otage avec autant d'effets pernicieux et une irascible ambition dominatrice. S'il est vrai, en effet, que la propagande algérienne dans cette affaire a pris de court les responsables marocains, bernés et bercés notamment entre 1973 et 1975, ceux-ci en revanche n'ont pris la mesure du jeu suicidaire algérien que bien plus tard. Car le principe sacré d'autodétermination, un des piliers de la vague de décolonisation des années soixante et soixante-dix, a été tout bonnement instrumentalisé par les juristes d'une Algérie sortie quelques années plutôt du conflit d'indépendance avec la France et qui se sont appropriés jusqu'au discours officiel sur la décolonisation des territoires qu'ils n'ont eu de cesse de pervertir.

Paradoxalement, le Royaume du Maroc, qui a défendu le même principe en faveur des peuples colonisés, dont celui de l'Algérie, de la Guinée Bissau, du Cap Vert, du Mozambique et de l'Afrique du Sud, s'en était fait déposséder. Comment ne pourrait-on y voir comme un manque de lucidité, et en même temps se consoler, «a fortiori» qu'il occupe une place centrale dans l'argumentaire du plan d'autonomie soumis à l'ONU et validé par le Conseil de sécurité en 2007 ?
Ni le poids de l'histoire, marquée du sceau des liens ancestraux entre le Maroc et ses provinces du Sud, ni la légitimité prouvée, confirmée notamment en novembre 1975 par la Cour de justice internationale (CIJ), ni non plus la matérialité des pièces à conviction étalées à longueur de journées n'ont empêché que le gouvernement algérien, immuable et figé dans sa position, se réfugie dans son irréductible attitude et son ahurissante hostilité au Maroc.

En fin de compte, quel que soit l'espoir que l'on nourrit ici et là, en dépit de rares et évanescentes éclaircies qui ont davantage apporté de l'amertume que le rêve aux peuples respectifs, les relations entre le Maroc et l'Algérie auront été marquées par la haine que par le voisinage ordinaire. Sur près de cinquante ans de proximité, la frontière terrestre aura été fermée pendant quarante ans. C'est si tragique, en réalité, qu'une telle situation n'existe nulle part ailleurs, excepté les deux Républiques de Corée. Il n'est pas jusqu'aux deux Républiques allemandes qui, enfoncées de 1945 à 1989 dans la méfiance réciproque, n'aient en définitive décidé de briser le Mur, de se rapprocher et de se reconstituer en une seule nation.

Là encore, aura prévalu le principe sacré aux yeux des Nations unies de l'unité nationale, irréfragable, constitutif d'une conscience et ciment de progrès. L'affaire du Sahara relève, de toute évidence, d'un rare machiavélisme qui instrumentalise sans vergogne un principe, celui de l'autodétermination qui par-delà les proclamations ne s'oppose nullement à l'autonomie, mais s'y greffe. C'est d'autant plus vrai que le polisario, créé en 1973 par les services algérien et espagnol de l'époque, comprend essentiellement des Marocains ayant opté pour le camp adverse.

Chaque ralliement des camps de Tindouf vers le Maroc nous en fournit la preuve supplémentaire, chaque jour en fait nous apporte la conviction que la vérité finira par l'emporter. Ancien président de Tchécoslovaquie, consterné devant l'occupation en 1938 de son pays par les troupes hitlétriennes, Thomas Masaryk avait lâché ce mot demeuré historique : «Pravda vitéri» ( La vérité vaincra).
Par LE MATIN

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